Découverte : Naissance des créations Les Décousues
L’antre créatrice, mystérieux espaces pour certains, objets de curiosités pour d’autres…Un lieu qui dans tous les cas intrigue, questionne et attire le regard. Savoir où est née une création, lui procure une identité, une histoire ainsi qu’une aura.
Lorsque je suis de près le travail d’une créatrice ou l’évolution d’une marque, j’apprécie beaucoup de découvrir l’envers du décor, le cadre de l’atelier, les outils utilisés, ou bien même l’ambiance dans laquelle naissent les pièces que j’aime tant… Dans cette idée, je vous propose aujourd’hui de découvrir l’atelier Décousu (et pour découvrir nos créations c'est par ici !).
Ce petit espace multi-tâches lumineux et coloré me permet de réaliser toutes sortes de créations tant que je m’astreins à une organisation sans faille, cependant il est impossible de nier son encombrement momentané durant des périodes créatives intenses.
Après avoir évoluer dans divers type de lieux, d’espaces et de bureaux pour travailler créativement, je pense être encore loin de l’atelier idéal. Il est cependant représentatif de ma personnalité et me correspond tant dans son encombrement par endroits que par sa lumière omniprésente, ou encore par ces espaces aérés parfaits pour la réflexion créative.
Pluridisciplinaire et auto-didacte, j’ai pour première nécessité d’avoir un espace de création aéré, modulable et prêt à accueillir tous types de matières ou techniques. Lorsque que cet espace fermé n’est plus suffisant je profite, en bonne citadine nantaise, de mon balcon ensoleillé pour les travaux de bricolage. Le seul manque actuel vers le développement d’autres aspects créatifs serait pour moi un jardin, un espace vert et ouvert où je pourrais me déployer. Cependant, entendre les oiseaux toute la journée depuis ma fenêtre d’atelier est un plus non-négligeable, enfin lorsqu'il ne pleut pas ;) !
Chaque jour, le devoir de se réinventer.
Tout d’abord, nous devons commencer en prenant pour acquis que vendre ses propres créations est très loin d’être une chose facile. En effet, arriver à trouver avec justesse, l'équilibre entre ce que l’on se considère capable de produire et faire preuve d'un jugement honnête sur ce que l’on a réellement créé est un exercice de chaque jour. Cela réclame une parfaite connaissance de soi et une constante exploration du monde et des tendances qui nous entourent.
Me lancer dans l'univers étrange, et complètement inconnu à l’époque, du « presqu’entreprenariat » créatif a été le résultat d’un long processus de réflexions, regards et échanges sur que je pouvais réaliser seule, avec mes dix doigts. Ouvrir un premier e-lieu de ventes pour mes créations a été un réel challenge personnel, je tentais alors (en 2014) timidement et naïvement ma chance sur Alittlemarket avec ma première marque Wonder Rabbit, et recevais sous 48 heures ma toute première commande.
J’étais surexcitée d’avoir eu une réponse si rapide à mes propositions de produits, car c’était selon moi tout à fait inattendu et improbable. Cette première boutique naissante ne proposait alors que deux types de produits, des bouillottes sèches aux graines de Lin doré bio : Huguette La Chouette & Lino Le Renardeau ; duplicatas des créations que j’avais imaginé comme cadeaux de Noël pour mes nièces quelques semaines auparavant.
L’enthousiasme engendré par ce premier colis en route vers cette toute première cliente a été gigantesque et très encourageant, aujourd’hui je m’y raccroche même encore parfois. Cependant c’était une période où je pouvais investir beaucoup de temps mais trop peu financièrement afin de développer ce joli projet qui était né comme par accident. De ce fait, j’ai laissé vivre Wonder Rabbit tranquillement pendant plusieurs mois, imaginant de nouvelles créations, systématiquement produites en série très, très limitées.
Le temps passant, continuant en parallèle à glaner des compétences de-ci de-là, mon envie profonde de me lancer plus sérieusement et professionnellement dans cette idée de boutique à soi et de statut de « créateur d’objets nouveaux et uniques » ne faisait qu’enfler discrètement en moi et l'identité visuelle de l'esprit de ma marque se confirmait peu à peu.
En fin d’année 2015, je décide de multiplier les plateformes de ventes afin d’atteindre un maximum de monde, et à ce moment là je ne me rendais bien entendue pas compte de la charge de travail chronophage que ça représentait. J’étais alors sur 3 plateformes de vente en ligne différentes : Alittlemarket, Dawanda, Etsy, et je gérais la page Facebook, le Twitter et l’Instagram dédiés au Fabuleux Lapin de la façon la plus désorganisée du monde mais avec la meilleure volonté possible. Les choses commençaient alors à se concrétiser, les opportunités « semi-professionnelles » à se manifester, et les envies de partenariats à naître ; pendant qu'en parallèle une admiration grandissante pour des personnes talentueuses qui osaient, se développait.
Le 23 janvier dernier, je fêtais donc le second anniversaire de cette inattendue aventure qui continuait timidement mais sûrement à se développer sans que je ne me rende compte qu’aux alentours de son évolution le monde continuait de tourner. Deux années à peaufiner une identité, à préciser une idée pour l’amener à se cristalliser vers quelque chose de plus sérieux, dont je pourrais être fière, et qui grâce aux doigts créatifs de ma moitié avait désormais un visage à elle, mais c’est à cette période que les choses prennent un tournant plutôt surprenant.
Effectivement, en traînant nonchalamment sur l’App store un après-midi en pleine pause-café, quelle ne fût pas ma surprise lorsque je vis apparaître mon logo, le mien à moi, dans la liste des applications les plus téléchargées de l’App Store… S’en suivent quelques secondes de doute sur ma propre mégalomanie à voir mon lapin partout, avant une recherche plus approfondie sur cette étrange apparition. C’est alors que je découvre que du fait de mon ignorance et de mon amateurisme ; n’ayant pas déposé officiellement mon logo, ni quoi que ce soit d’autre de mon identité commerciale, ni même imaginé que l’on pouvait être vil au point de simplement utiliser fièrement en son nom une création numérique d’un autre, représentant une si petite entreprise qu’elle ne semble mériter aucune considération ; que l’identité visuelle de Wonder Rabbit est devenue comme par magie la représentation visuelle d'un des nombreux niveaux sur jeu smartphone tendance tout juste sorti. D’apparence très graphique, joliment stylisé, j’aurais pu me sentir flattée d’imaginer une société feignante et peu créative creusant le web et choisissant mon lapin pour devenir un des emblèmes de son application ; dont la seule utilité est de minimiser le temps d’approche du tramway, ou le retard d’un train. J’en tairais bien entendu le nom car cela n’a que peu d’importance aujourd'hui, et m’a permis de tirer les leçons nécessaires pour je l’espère ne plus me laisser avoir par ce genre de pratique injuste, égoïste et pédante, d’êtres peu créatifs.
Après ce coup de massue, je décide alors de me rassurer en lançant des recherches Google entourant mon nom de marque afin de vérifier que Wonder Rabbit possédait toujours une distinction et une indépendance créative sur le web. Il est donc de mon devoir de vous annoncer que « Wonder Rabbit Girl » est un manga pornographique, du genre plutôt douteux, sorti fin 2015 et qui bien entendu connaît un certain succès...
Vous comprendrez donc qu’il était plus que temps que je me pose les bonnes questions et que je me fixe un certain nombre d’objectifs concernant ce projet qu’il fallait redéfinir.
Après brainstorming(s), tergiversations sur l’envie ou non de continuer cette aventure décomposée et autres réflexion, Les Décousues ! sont apparues comme une révélation. C’était LA bonne idée pour avoir une identité de marque qui me ressemble et laissant un véritable espace qui me permettra de suivre toutes mes pulsions créatives. Dynamique et mutin, ce nom m’a semblé parfait.
Aujourd’hui tout reste à faire, mais c’est avec fierté, envie et beaucoup de plomb dans la tête que j’avance, j’en arriverais presque à remercier les rois du plagiat numérique car j'ai réussi à déployer le courage que demande et mérite la créativité.
…Enfin j’ai dit presque.
Amicalement,
Caroline.